retour

BERNOT François

Né le 9 août 1877 à Lancieux ( Cotes d’Armor ), le capitaine albatros François Bernot, avec à son actif 32 passages du Cap Horn et du cap de Bonne Espérance, était un des 35 membres fondateurs de l’Amicale 

A 13 ans, le 4 août 1890, il débute dans la carrière maritime comme mousse sur le brick goélette CROISINE à bord duquel, pendant 30 mois, il fait du long cours entre Bordeaux, St Pierre, le Canada et les Antilles.
De 1894 à 1896, il navigue comme matelot et matelot léger sur les paquebots SAGABLIEN et ERNEST SIMONI, faisant les voyages de Marseille à Yokohama.
Le désir de s’instruire et de faire un capitaine le pousse à 19 ans sur les bancs de l’école communale de son pays natal ; et pendant un an, avant de partir au service, il est écolier.
De 1897 à décembre 1901, il fait 52 mois de service militaire, dont 17 mois de guerre en Chine sur le croiseur GUICHEN. Il fut titulaire de la médaille de Chine, commémorant la guerre des boxers de 1900 -1901.
En sortant du service, il prend des leçons particulières, et en commun, avec monsieur Renault, instituteur public de St Lunaire, auquel bien des capitaines sont redevables de leur brevet. Les leçons se donnent à toute heure, souvent à 4 heures du matin ! Nanti de ce viatique, Bernot part au cours à Agde, avec monsieur Cousin comme professeur. Reçu en théorie en mai 1903, puis élève de la Marine Marchande à Paimpol en février 1904. A sec de toile, notre ami doit naviguer pour redorer son blason !
Il embarque comme 2ème lieutenant sur le 4-mâts MONTMORENCY de la Maison Bordes, fait un voyage du Chili de 8 mois et revient au cours à St Malo où il est reçu C.L.C. le 5 avril 1905.
En juin 1905, il embarque comme second capitaine et fait successivement 6 voyages du Chili, en cette qualité sur les 3-mâts CHILI, STRASBOURG, sur les 4-mâts NORD, VALPARAISO, JACQUELINE.
De 1911 à 1914, il navigue comme capitaine sur le 3-mâts CAMBRONNE.
La guerre de l9I4-1918 le surprend à terre dans l’attente d’un nouveau commandement. Il reste sur l’ordre de l’Inscription Maritime à la disposition du Ministre, sans solde naturellement et sans rien toucher de la Cie Bordes, dixit Bernot.
Le 16 mars 1915, il prend le 3-mâts BRESSON avec lequel il fait 3 voyages de nitrates. Le 14 janvier 1917, il repart de Rochefort pour un nouveau voyage. A 280 milles de ce port, il est attaqué par un sous-marin allemand, le U 28, dans des conditions telles que toute défense est impossible. Le navire est naturellement dévalisé. L’équipage évacue le bord. Bernot refuse d’embarquer à bord du sous-marin dont le commandant prend comme otages le second capitaine, 2 matelots et le mousse. Le BRESSON est coulé au canon et par 2 bombes. Il est 5 h du soir. Temps d’hiver, bonne brise d’est, mer assez grosse. Les embarcations naviguent de concert, mais se perdent de vue la 3ème nuit par suite du mauvais temps. Le 3ème jour, Bernot atterrit sur la Pointe Estaca (Espagne) et est rapatrié avec ses hommes à Viviero, où il apprend que le lieutenant avec la seconde embarcation est bien arrivé. Puis, il apprendra que les 4 otages ont été déposés par un navire neutre à Hull. Il rallie Bayonne le 24 janvier 1917.
Le 10 mars 1917, Bernot repart comme capitaine sur le 4-mâts SEINE, armé de 2 canons de 90, servis par un quartier-maître et 8 marins. Voyage du Chili et retour à la Pallice sans incidents.
Il devait effectuer un second  voyage sur ce navire, mais il le quitte  le 21 janvier 1918, à la suite d’un différent avec les armateurs . 
Mobilisé comme enseigne de vaisseau, il est mis en sursis le 18 avril pour embarquer à la Transat où il restera jusqu’au 29 août 1918.
Démobilisé en janvier 1919, il prend le 12 avril 1919, le commandement du 4-mâts latin MONTE CARRE. Sur ce navire, il fait un voyage de St Nazaire à Pointe à Pitre, retour à Bordeaux : Construit en mauvais bois vert, une sapinière pour employer l’expression de notre ami, il faut pomper 28 jours à l’aller et 62 jours au retour. Bernot refuse de partir avec ce navire et débarque le 12 septembre 1919 : le MONTE CARRE se perd par gros temps à son départ de Bordeaux.
Le 16 décembre 1919, Bernot prend le commandement du DUQUENNE de la Sté Générale d’Armement : il fait 2 voyages de blé dont un sur Buenos Ayres, l’autre sur Adélaide et à la fin de ce dernier voyage, il conduit de Bordeaux à la Martinière, à la remorque, le malheureux DUQUENNE qui prend la 8ème place au cimetière des grands voiliers.
Le 19 août 1927, la carrière de notre ami Bernot prend fin, contraint de rester à terre pour s’occuper de ses 7 enfants, dont 5 entre 10 ans et 4 ans d’âge, ayant eu le chagrin de voir disparaître sa femme.
Du 1er mai 1927 au 31 décembre 1942 (atteint par la limite d’âge) il est officier de port à St Malo.
En 1952, il reçut la légion d'honneur à titre maritime.